A l’heure
actuelle, l’enjeu politique en RDC tourne autour de la tenue ou non de
l’élection présidentielle en 2016. Le camp au pouvoir affiche clairement son
intention de faire prolonger le mandat du président Kabila au-delà de sa durée
constitutionnelle en invoquant une multitude des raisons. Une partie de l’opposition,
celle dite radicale, exige coûte que coûte la tenue des élections dans le
délai, c’est-à-dire en novembre 2016.
Dans cette
optique, tout se jouera sur la capacité de chaque camp de mobiliser la
population pour la défense de sa cause. Encore
une fois, ce sont les jeunes qui feront la différence. Ce sont eux qui
décideront par leur choix et la
détermination des actions qu’ils vont mener de quel côté la balance penchera.
Aussi, je me
suis mis à réfléchir depuis un moment sur la conscience politique de la
jeunesse congolaise. Il est, certes, difficile de se faire une opinion exacte
sur cette tranche de la population de la RDC, mais l’exercice a été rendu
plus ou moins aisé grâce à mes périples et mes contacts dans presque
toutes les villes et cités de l’Est de ce grand pays. Ces trois dernières
années, j’ai été à Dungu, Aru, Ariwara, Bunia, Beni, Goma, Bukavu, Kalemie. Et
étant un utilisateur régulier des réseaux sociaux comme outils d’informations
et d’échange d’idées, je participe activement aux débats animés par des
jeunes sur l’actualité politique en
Afrique et en RDC, notamment sur des questions électorales.
Et je suis souvent
déçu par la frivolité de certains jeunes. Ils passent souvent à côté de
l’essentiel. Ils ne réfléchissent que très peu sur leur futur à eux et de celui
de leurs enfants, parce que certains, bien qu’à peine sortis de l’enfance, ont
déjà une progéniture !
Alors, j’aimerais
m’adresser particulièrement à ceux-là. Peut-être que s’ils se «foutent» de leur
propre vie, se préoccuperont-ils de l’avenir de leur descendance ?
Quelle passion,
quelle énergie perçoit-on dans les débats stériles sur le football, sur la
musique et des faits divers ! Cependant, lorsqu’il s’agit de réfléchir sur
l’avenir d’un pays ou même du monde, la pauvreté et la légèreté des arguments
dénotent de l’ignorance ou du peu d’intérêt que l’on accorde à des questions
pourtant essentielles, si pas existentielles.
Personnellement,
j’ai toujours cru – et je le crois toujours – que l’une des pires appréhensions
d’une génération est de rééditer les mêmes erreurs que celle qui l’a précédée,
surtout si elle aussi a subi les conséquences de ces erreurs. Et dans le cas de
la RDC, de notre génération, nous subissons encore les conséquences de la
passivité et de la frivolité de nos parents. On dirait la futilité est inscrite
dans nos gènes !
Nos parents ont
passé 32 ans en train de chanter des louanges au président Mobutu ; en
train de le diviniser oubliant de songer à notre avenir. Ce qui les intéressait
le plus : les femmes qu’ils ont appelées des «bureaux», la musique et la
bière. Bref, le plaisir ! Pendant qu’ils «prenaient leur pied» ainsi, un
régime autocratique et destructeur s’enracinait, et un homme et son entourage s’enrichissaient.
Le pays, quant à lui, sombrait dans la faillite morale, politique et économique. Et nous ne sommes pas loin de reproduire cet
exploit !
Une génération inconsciente
Triste est de
constater aujourd’hui que notre génération est sur le point de sombrer dans
l’avilissement, si elle n’y est pas déjà. Notre génération est sur le point de répéter
les mêmes erreurs que celle de nos parents. Les jeunes ont comme modèles des
personnalités culturelles qui étalent dans leurs œuvres une obscénité
abjecte ; des politiciens corrompus dont on chante les louanges à cause de
la richesse publique qu’ils se sont accaparée et qu’ils distribuent
inconsidérément à leurs adorateurs!
Plus tard, il
fallut destituer Mobutu. Des jeunes congolais et étrangers furent
mobilisés pour ce faire. Certains de notre génération ont participé cette lutte
armée alors qu’ils n’étaient que des enfants. On les appelait les «Kadogos». On a fait de certains des assassins de leurs
frères et pères et des violeurs de leurs sœurs et mères. Cette guerre continue
encore jusqu’à ce jour, mais ça, c’est un autre débat.
Temps de se décider
Il serait
irresponsable de notre part de laisser à nos enfants un pays dans lequel
l’accès à une éducation de qualité n’est pas accessible à tous ; un pays dans
lequel pour avoir un emploi au sein de l’administration publique ou les
services étatiques, il faut appartenir à des partis politiques d’un certain
courant ; il faut être fils de x, cousin d’y ou ami de z.
Loin de vouloir
ressusciter l’Etat – providence, l’Etat semble avoir oublié ses obligations de
protéger ses citoyens et de subvenir à leurs besoins sociaux de base. L’Etat congolais est démissionnaire sur
plusieurs plans, y compris celui de la sécurité des personnes. Les massacres
de Beni, les exactions de la LRA dans les Haut et Bas Uélé, la criminalité qui
s’est installée dans les cités et villes du pays. Tout ceci dans une
indifférence totale de nos dirigeants qui ne complaisent souvent dans des
dénégations ridicules qui frisent parfois le sadisme !
Certains
politiciens et experts véreux ne cessent de répéter que les jeunes doivent se
créer eux – mêmes des emplois et
que ce n’est pas à l’Etat de créer des emplois. Comment se créer des
entreprises là où l’entrepreneuriat est découragé et étouffé par une multitude
de taxes et d’impôts, malgré des ‘’auto’’ - encensements sur l’amélioration du
climat des affaires? C’est tout simplement une fuite de responsabilité !
Même dans des
pays plus avancés, les dirigeants sont attendus au tournant dans le secteur de
l’emploi. Le président François Hollande
a lié sa candidature pour un second à ses performances dans ce secteur. L’une
des réussites de deux mandats du président Obama a été aussi sa performance
dans le même secteur en réduisant le taux de chômage.
Et pourtant, le
pays ne manque pas des ressources pour que l’Etat remplisse ses obligations.
Mais ces ressources sont entre les mains d’une infime minorité qui en dispose
comme bon lui semble au lieu de se soucier d’abord du bien – être général. Nous
avons tous entendu parler du scandale «Panama Papers» suscité par la
divulgation des documents du cabinet Fonseca.
L’année 2016 sera
celle de tous les défis pour la RDC. Il reviendra aux jeunes de décider de la
continuité ou de la rupture dans la manière de gouverner dans notre pays.
Au-delà du
respect du cycle électoral dont le délai est fixé par la Constitution, la jeunesse
congolaise doit réclamer plus. Elle doit
réclamer un avenir plus clair. Elle doit exiger, susciter un débat sur le partage équitable des
richesses, sur l’accès aux opportunités, sur l’égalité des chances, sur l’Etat
de droit.
A l’horizon 2017,
la RDC doit emprunter le chemin du progrès et de la bonne gouvernance pour
faire jouir de ses richesses ses filles et fils qui le méritent bien. Nous
devons aboutir à la réforme de la vie politique. Il faudrait mettre fin au
carriérisme en politique et ne privilégier que des leaders qui ont des visions
pour ce pays et son peuple !
UK
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