mercredi 13 avril 2016

2016: Que fera la jeunesse de la RDC?



A l’heure actuelle, l’enjeu politique en RDC tourne autour de la tenue ou non de l’élection présidentielle en 2016. Le camp au pouvoir affiche clairement son intention de faire prolonger le mandat du président Kabila au-delà de sa durée constitutionnelle en invoquant une multitude des raisons. Une partie de l’opposition, celle dite radicale, exige coûte que coûte la tenue des élections dans le délai, c’est-à-dire en novembre 2016.
Dans cette optique, tout se jouera sur la capacité de chaque camp de mobiliser la population pour la défense de sa cause.  Encore une fois, ce sont les jeunes qui feront la différence. Ce sont eux qui décideront  par leur choix et la détermination des actions qu’ils vont mener de quel côté la balance penchera.
Aussi, je me suis mis à réfléchir depuis un moment sur la conscience politique de la jeunesse congolaise. Il est, certes, difficile de se faire une opinion exacte sur cette tranche de la population de la RDC, mais l’exercice a été rendu plus ou moins aisé grâce à mes périples et mes contacts dans presque toutes les villes et cités de l’Est de ce grand pays. Ces trois dernières années, j’ai été à Dungu, Aru, Ariwara, Bunia, Beni, Goma, Bukavu, Kalemie. Et étant un utilisateur régulier des réseaux sociaux comme outils d’informations et d’échange d’idées, je participe activement aux débats animés par des jeunes  sur l’actualité politique en Afrique et en RDC, notamment sur des questions électorales. 

 Constant amer


Et je suis souvent déçu par la frivolité de certains jeunes. Ils passent souvent à côté de l’essentiel. Ils ne réfléchissent que très peu sur leur futur à eux et de celui de leurs enfants, parce que certains, bien qu’à peine sortis de l’enfance, ont déjà une progéniture !
Alors, j’aimerais m’adresser particulièrement à ceux-là. Peut-être que s’ils se «foutent» de leur propre vie, se préoccuperont-ils de l’avenir de leur descendance ?
Quelle passion, quelle énergie perçoit-on dans les débats stériles sur le football, sur la musique et des faits divers ! Cependant, lorsqu’il s’agit de réfléchir sur l’avenir d’un pays ou même du monde, la pauvreté et la légèreté des arguments dénotent de l’ignorance ou du peu d’intérêt que l’on accorde à des questions pourtant essentielles, si pas existentielles.
Personnellement, j’ai toujours cru – et je le crois toujours – que l’une des pires appréhensions d’une génération est de rééditer les mêmes erreurs que celle qui l’a précédée, surtout si elle aussi a subi les conséquences de ces erreurs. Et dans le cas de la RDC, de notre génération, nous subissons encore les conséquences de la passivité et de la frivolité de nos parents. On dirait la futilité est inscrite dans nos gènes !
Nos parents ont passé 32 ans en train de chanter des louanges au président Mobutu ; en train de le diviniser oubliant de songer à notre avenir. Ce qui les intéressait le plus : les femmes qu’ils ont appelées des «bureaux», la musique et la bière. Bref, le plaisir ! Pendant qu’ils «prenaient leur pied» ainsi, un régime autocratique et destructeur s’enracinait, et un homme et son entourage s’enrichissaient. Le pays, quant à lui, sombrait dans la faillite morale, politique et économique.  Et nous ne sommes pas loin de reproduire cet exploit !

Une génération inconsciente

Triste est de constater aujourd’hui que notre génération est sur le point de sombrer dans l’avilissement, si elle n’y est pas déjà.  Notre génération est sur le point de répéter les mêmes erreurs que celle de nos parents. Les jeunes ont comme modèles des personnalités culturelles qui étalent dans leurs œuvres une obscénité abjecte ; des politiciens corrompus dont on chante les louanges à cause de la richesse publique qu’ils se sont accaparée et qu’ils distribuent inconsidérément à leurs adorateurs!
Plus tard, il fallut destituer Mobutu. Des jeunes congolais et étrangers furent mobilisés pour ce faire. Certains de notre génération ont participé cette lutte armée alors qu’ils n’étaient que des enfants. On les appelait les «Kadogos».  On a fait de certains des assassins de leurs frères et pères et des violeurs de leurs sœurs et mères. Cette guerre continue encore jusqu’à ce jour, mais ça, c’est un autre débat. 

Temps de se décider

Il serait irresponsable de notre part de laisser à nos enfants un pays dans lequel l’accès à une éducation de qualité n’est pas accessible à tous ; un pays dans lequel pour avoir un emploi au sein de l’administration publique ou les services étatiques, il faut appartenir à des partis politiques d’un certain courant ; il faut être fils de x, cousin d’y ou ami de z.
Loin de vouloir ressusciter l’Etat – providence, l’Etat semble avoir oublié ses obligations de protéger ses citoyens et de subvenir à leurs besoins sociaux de base.  L’Etat congolais est démissionnaire sur plusieurs plans, y compris celui de la sécurité des personnes. Les massacres de Beni, les exactions de la LRA dans les Haut et Bas Uélé, la criminalité qui s’est installée dans les cités et villes du pays. Tout ceci dans une indifférence totale de nos dirigeants qui ne complaisent souvent dans des dénégations ridicules qui frisent parfois le sadisme !
Certains politiciens et experts véreux ne cessent de répéter que les jeunes doivent se créer eux – mêmes  des emplois et que ce n’est pas à l’Etat de créer des emplois. Comment se créer des entreprises là où l’entrepreneuriat est découragé et étouffé par une multitude de taxes et d’impôts, malgré des ‘’auto’’ - encensements sur l’amélioration du climat des affaires? C’est tout simplement une fuite de responsabilité !
Même dans des pays plus avancés, les dirigeants sont attendus au tournant dans le secteur de l’emploi.  Le président François Hollande a lié sa candidature pour un second à ses performances dans ce secteur. L’une des réussites de deux mandats du président Obama a été aussi sa performance dans le même secteur en réduisant le taux de chômage.
Et pourtant, le pays ne manque pas des ressources pour que l’Etat remplisse ses obligations. Mais ces ressources sont entre les mains d’une infime minorité qui en dispose comme bon lui semble au lieu de se soucier d’abord du bien – être général. Nous avons tous entendu parler du scandale «Panama Papers» suscité par la divulgation des documents du cabinet Fonseca.
L’année 2016 sera celle de tous les défis pour la RDC. Il reviendra aux jeunes de décider de la continuité ou de la rupture dans la manière de gouverner dans notre pays. 
Au-delà du respect du cycle électoral dont le délai est fixé par la Constitution, la jeunesse congolaise doit réclamer plus.  Elle doit réclamer un avenir plus clair. Elle doit exiger,  susciter un débat sur le partage équitable des richesses, sur l’accès aux opportunités, sur l’égalité des chances, sur l’Etat de droit.
A l’horizon 2017, la RDC doit emprunter le chemin du progrès et de la bonne gouvernance pour faire jouir de ses richesses ses filles et fils qui le méritent bien. Nous devons aboutir à la réforme de la vie politique. Il faudrait mettre fin au carriérisme en politique et ne privilégier que des leaders qui ont des visions pour ce pays et son peuple !

UK

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