mercredi 8 octobre 2014

Gouvernance; gouvernance!


La publication de l'indice annuel de gouvernance en Afrique par la fondation Mo Ibrahim a suscité en moi plusieurs réflexions. Toutefois, le plus surprenant a été le silence assourdissant des dirigeants africains à ce sujet. En RDC, c'est l'infatigable et omniprésent ministre de la communication, presse et médias, aussi porte - parole du gouvernement, qui a commenté le rapport de la fondation du milliardaire égyptien. Monsieur Lambert Mende s'est félicité du fait que la RDC a gagné 0.8 % (en cinq ans!) et grimpé de quatre places dans le classement  comparativement à la période précédente (de la 51ème à 47ème), mais il a aussi affirmé sur les ondes de la Radio Okapi :"nous ne pensons pas que nous devons nous regarder avec les yeux des autres. Non ! Mo Ibrahim n’a pas une souveraineté sur nous». Je garde pour moi les qualificatifs qui seraient sortis du tiroir au cas où Mo Ibrahim n’était un belge ou un français...

Et pourtant, la misère et l'instabilité politique en Afrique tirent leur source dans la mauvaise gouvernance. Et ce constat est corroboré par les faiblesses de l'Afrique sur le plan économique et social, notamment dans le rapport du PNUD sur l'indice du développement humain publié chaque année.  Là encore la RDC partage les dernières places avec les pays tels que le Niger, le Mozambique, le Tchad, l’Érythrée, la RCA, le Mali...Ceci est la preuve que si les nombreuses ressources dont disposent plusieurs pays africains ne sont gérés à bon escient, en respectant les règles d'une gestion saine de la chose publique, en distribuant équitablement les richesses et surtout en se dotant des services publics capables de subvenir aux besoins fondamentaux des populations, une grande partie de la population croupira indéfiniment dans la misère.

Il est certain que l'époque de l’État providence est révolue, cependant l’État devrait cesser de n’être présent qu'à travers les taxes, les impôts et les tracasseries administratives, policières et militaires. Dans certains pays, des pans entiers du territoire national sont abandonnés sans routes, sans écoles et sans hôpitaux...Et l’État et ses animateurs se trouvent à des milliers de kilomètres; vivant dans une opulence qui est vécue comme une insulte pour les peuples qui subissent non seulement les tracasseries, mais aussi des difficultés énormes pour accéder à l'eau potable, à l'éducation, à la justice, à la santé, à la sécurité...Dans ces circonstances, le peuple est prêt à accueillir  n'importe lequel des aventuriers qui saurait profiter de la situation. Les différentes rebellions à l'Est de la RDC, au Nord du Mali, de la RCA et du Nigeria illustrent parfaitement cet état de chose.

La bonne gouvernance reste un élément clé pour la stabilité et l'amélioration du bien-être  des populations africaines qui ne méritent pas de vivre dans cette misère et de périr dans les flots de la méditerranée en tentant de rejoindre l'Europe. Et la stabilité en Afrique passe par une répartition équitable des richesses entre les classes dirigeantes et leurs peuples pour qui attendent que l’État leur fournisse le minimum pour assurer leur vie et celle de leurs enfants. Autrement, ce sont les fragiles identités nationales qui disparaitront et laisseront la place à des luttes pour l'autodétermination.

Urbain Kokolo
E-mail: highlanderlandu@gmail.com


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