mardi 23 septembre 2014

RDC: Plus de 120 ans de tragédie humaine. Il est à temps que cela cesse!

Au sujet de la situation générale de la RDC, il n'y a rien de nouveau à dire au peuple congolais, car celui-ci connait toute la vérité, contrairement à l'opinion de ceux qui lui reproche la naiveté. Qui connait mieux une tragédie, si ce n'est que celui qui la vit au quotidien depuis plus de 120 ans maintenant?

D'abord, la tragédie congolaise a commencé avec la conférence internationale de Berlin de 1884 - 1885 dont les conclusions ont fait d'une vaste étendue de terre et tous les peuples qui s'y trouvaient la propriété privée d'un seul homme: Léopold II, le roi des belges. Pour satisfaire la cupidité démesurée de sa majesté, des centaines des milliers d’êtres humains ont été réduits à l'esclavage pour l'exploitation d'hévéa, du bois, la quête de l'ivoire et autres ressources en vue d'assouvir la soif de richesse de Léopold Louis-Philippe Marie Victor et de sa famille, de 1885 à 1908. Adam Hochschild, dans son livre Les fantômes du roi Léopold, Un holocauste oublié, avance le chiffre de 10 millions des victimes de l'horreur dictée par la cupidité du roi des belges, chiffre macabre confirmé dans le documentaire britannique Roi blanc, caoutchouc rouge, mort noire,  par le professeur congolais Elikia Mbokolo qui indique qu’en 1920, dix millions de Congolais avaient disparu des statistiques. Léopold II amassera ainsi une fortune fabuleuse de ce pillage sauvage du Congo au prix des vies brisées, des membres mutilées, des déplacements massifs et des travaux forcés. 

Par la suite, les pressions de l'opinion internationale avec en tête les USA et le Royaume Uni guidés beaucoup plus par la jalousie qu'émus par le triste sort  des peuples sous le joug de Léopold II et ses envoyés, et celle d'une grande partie du peuple belge motivée par une compassion un peu plus authentique, contraindront le vieux Léopold à céder "sa propriété" à son pays, la Belgique. Les mutilations, les déplacements et les travaux forcés céderont la place à l'apartheid, à la bastonnade, à l'emprisonnement et au dénigrement par des colons belges aux moindres revendications sociales ou politiques pourtant considérées, sous d'autres cieux, comme des droits fondamentaux: la liberté d'expression, l'égalité, la dignité, le droit à l'autodétermination...On se souviendra de l'emprisonnement de Simon Kimbangu qui meurt dans une prison coloniale à Lubumbashi, en 1951, après 30 années d'emprisonnement pour avoir prédit l'indépendance du Congo dans ses prêches, de Lumumba plusieurs - fois arrêté et embastillé par les autorités pour avoir revendiqué l'accession du Congo à la souveraineté internationale, de la répression dans le sang de la manifestation de Léopold de 1959. On ne saura jamais le nombre des Congolais qui ont souffert dans le silence et morts dans l'anonymat au cours de la colonisation belge pour avoir réclamé des droits légitimes pour leur peuple.

Malheureusement, l'indépendance de la RDC en 1960 n'a pas apporté la liberté et le bonheur auquel aspirait son peuple. Des divisions ont été orchestrées par les puissances occidentales dont l'ancien colonisateur et les USA en première ligne, pour affaiblir davantage les jeunes institutions du pays et ses animateurs. Un homme sur qui reposait tout l'espoir du peuple sera brutalement assassiné. Le pays sera plongé dans une lutte sanglante et se trouvera au bord de l'implosion par des déclarations de sécession du Katanga et du Kasaï. L'instabilité se atteindra son point culminant en 1964 avec la proclamation de la République populaire du Congo par rébellion des Simba, à Stanleyville, l'actuel Kisangani.

Trente-deux ans de dictature et de prédation sous le règne de Mobutu suivirent. Dans le contexte de la guerre froide, le bloc occidental qui considérait Lumumba comme une menace pour ses intérêts en Afrique centrale, trouva en Joseph-Désiré Mobutu, une sentinelle pour contrer une probable percée de l'Union Soviétique et ses satellites dans la sous - région. Les USA, la France et la Belgique fermèrent alors les yeux sur les pillages et les violations des droits humains par Mobutu et son clan en contrepartie des services qu'il leur rendait en combattant l'Angola communiste et en bradant le cuivre, le cobalt, l'or, le bois et autres ressources du pays.

Aujourd'hui, après environ deux décennies des conflits, 5 millions de morts, des vies brisées et des dignités perdues par les violences sexuelles utilisées comme une vraie arme de guerre et le recrutement massif d'enfants soldats, le peuple congolais est pris en tenailles entre une classe politique égoïste, avide du pouvoir et des convoitises extérieures aussi bien proches que lointaines.

Tout l'enjeu de l’intérêt que le monde témoigne à la RDC en y déployant une force de maintien de la paix aussi peu efficace que couteuse, de la lutte politique interne et des interventions répétées des pays voisins et autres puissances occidentales reste l'accès aux ressources stratégiques que renferment le sol et le sous-sol congolais.

A ce moment précis où la tension politique va crescendo et que toutes les énergies sont orientées vers le débat autour de l'opportunité ou non de modifier certains articles de la Constitution, il est clair qu'au sein de la classe politique congolaise, il s'agit de lutter pour le pouvoir, non pas pour améliorer le vécu quotidien du peuple congolais, en leur garantissant une condition de vie décente et humain en terme d'accès aux services sociaux de base, à la sécurité et à la justice grâce aux richesses du pays, mais plutôt, parce que, dans ce pays, l'accession au pouvoir ouvre la voie à un enrichissement rapide par des moyens illicites au détriment du peuple.

La tragédie du peuple congolais n'a que trop duré et il est temps d'y mettre un terme. Ce n'est plus le moment de sacrifier, sur l'autel de l'égoïsme et de la lutte du "pouvoir pour le pouvoir", des vies et le bien-être des pauvres innocents.


Urbain Kokolo
Contacts: highlanderlandu@yahoo.fr

 

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